CRÉDIT IMMOBILIER : POURQUOI LES TAUX SE STABILISENT MALGRE LES TENSIONS DU MARCHE IMMOBILIER
- MS Patrimoine & Conseil
- 1 oct.
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Alors que beaucoup anticipaient une remontée brutale des taux de crédit immobilier en 2025, le marché offre une respiration inattendue. En octobre, les conditions de financement se stabilisent, avec même une légère amélioration par rapport à l’année précédente. Loin de la flambée redoutée, la situation actuelle ouvre une fenêtre d’opportunité… mais probablement temporaire.
Situation actuelle des taux
En octobre 2025, les barèmes moyens se situent entre 3,30 % et 3,50 %, selon les régions et les durées.
20 ans : 3,44 %
25 ans : 3,53 %
Paradoxalement, ces niveaux apparaissent plus favorables qu’en octobre 2024 (3,5 % en moyenne). Les écarts régionaux, autrefois marqués, se réduisent progressivement : moins de 20 points de base séparent désormais les conditions les plus favorables (Grand Est, Corse) des moins avantageuses (Pays de la Loire). Cette homogénéisation illustre une tendance de fond : les banques appliquent une politique tarifaire plus nationale que locale.
Un cadre réglementaire stable
Le taux d’usure, souvent perçu comme un garde-fou, évolue à la marge : 5,09 % sur les prêts à taux fixe de 20 ans et plus, contre 5,08 % au trimestre précédent. Une progression symbolique mais qui traduit la volonté des autorités de maintenir la stabilité du marché. Les banques disposent donc d’une marge de manœuvre suffisante pour financer sans excès de risque.
Les ressorts de cette stabilité
L’OAT 10 ans, baromètre incontournable
Le taux de l’OAT 10 ans, autour de 3,5 %, continue de peser sur les conditions de crédit. Il crée un plancher technique en dessous duquel les banques ne peuvent pas descendre.
Prudence des établissements bancaires
Malgré une concurrence forte, les banques maintiennent des marges de sécurité. Dans un environnement économique incertain, elles privilégient la qualité des dossiers à la quantité, ce qui limite les dérives.
Une segmentation accrue du marché
Les durées longues (25 ans et plus) restent plus pénalisées que les durées plus courtes. Les profils solides obtiennent des conditions plus favorables, ce qui accentue les écarts entre primo-accédants fragiles et investisseurs expérimentés.
L’impact concret sur la capacité d’emprunt
Même de petites variations de taux ont un effet significatif sur la solvabilité des ménages. Pour un foyer avec 5 000 € de revenus nets mensuels :
Taux actuel (3,44 % sur 20 ans) : capacité d’emprunt ≈ 303 355 €, mensualité de 1 750 € (assurance incluse).
Scénario dégradé (+0,50 point à 3,94 %) : capacité réduite à 290 300 €, soit une perte de 18 189 € (-6 %).
Chaque hausse de 0,5 point équivaut donc à rogner plusieurs mètres carrés ou à contraindre un ménage à revoir sa localisation ou son projet.
Stratégies patrimoniales à privilégier
1. Sécuriser rapidement les projets en cours
Dans ce contexte, les acquéreurs déjà engagés doivent accélérer la finalisation de leurs dossiers pour verrouiller les conditions actuelles. Le facteur timing devient décisif.
2. Privilégier les durées maîtrisées
Un crédit sur 15 à 20 ans reste plus compétitif qu’un 25 ans, l’écart de taux étant plus contenu. Pour les profils solvables, réduire la durée permet de limiter la charge d’intérêts tout en sécurisant une meilleure négociation bancaire.
3. Négocier avec méthode
La concurrence interbancaire, bien que prudente, demeure réelle. Les meilleurs dossiers doivent exploiter cette tension pour obtenir des marges réduites (taux, frais de dossier, assurance emprunteur).
4. Explorer les solutions hybrides
Certains produits à taux révisables capés ou mixtes peuvent redevenir intéressants pour des emprunteurs avertis. Ils permettent de bénéficier d’un taux initial plus bas tout en encadrant le risque d’évolution future.
5. Adapter le conseil selon les profils
Primo-accédants : pédagogie et accompagnement renforcé, car leur capacité d’achat est la plus sensible aux variations de taux.
Investisseurs : arbitrage entre rendement locatif et coût de financement, avec un regard attentif sur la fiscalité (déficit foncier, LMNP, SCPI).
Perspectives
La fenêtre actuelle, relativement favorable, pourrait se refermer si les taux obligataires poursuivent leur tension ou si la Banque centrale européenne maintient une politique restrictive. À l’inverse, une stabilisation durable de l’OAT à son niveau actuel laisserait espérer une accalmie durable.
Quoi qu’il en soit, les banques ajusteront leurs politiques commerciales en fin d’année selon leurs objectifs de production et leur équilibre bilanciel. Cette variabilité rend d’autant plus crucial le rôle du conseiller : savoir anticiper, accélérer ou différer un projet peut représenter plusieurs dizaines de milliers d’euros d’écart pour un ménage.
Conclusion
L’évolution récente des taux de crédit immobilier rappelle une évidence : dans un marché marqué par l’incertitude, le temps est un paramètre patrimonial à part entière.
Les ménages qui sauront sécuriser leur financement dans les prochains mois profiteront encore de conditions correctes.
Ceux qui attendront trop risquent de subir une double peine : des taux plus élevés et une capacité d’emprunt réduite.




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